Aperçu de l’entrepreneuriat féminin en France ? - Portalia
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Aperçu de l’entrepreneuriat féminin en France ?

82 % des femmes de la population active auraient déjà envisagé de créer une entreprise. Quelles sont les motivations des femmes qui souhaitent entreprendre ? Quels freins peuvent-elles rencontrer ?
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L’entrepreneuriat est une voie professionnelle qui attire de plus en plus de femmes, et ce, malgré la crise sanitaire que nous traversons. En France, 82 % des femmes actives envisagent de créer une entreprise. Cet article a pour but d’analyser l’entrepreneuriat féminin à la lumière de données chiffrées. Quelles sont les motivations des femmes qui souhaitent entreprendre ? Quels freins peuvent-elles rencontrer ?

L’entrepreneuriat féminin en France en quelques chiffres 

Si en 2019, les femmes représentaient 40 % des créations d’entreprises individuelles en France, ce taux stagne depuis 2015. D’ailleurs, si l’on considère l’ensemble des formes d’entrepreneuriat en France, le chiffre tombe à 30 %. De plus, les femmes sont représentées inégalement en fonction des secteurs d’activité. Si elles correspondent à 2/3 des créations dans les domaines de « l’enseignement, santé, action sociale », elles ne représentent plus que 13 % « l’information et la communication ». Et au niveau des startups ? Le taux de femmes chute à 6 % des créations, notamment.

Au cœur de la crise sanitaire, l’incubateur Les Premières avait réalisé un sondage auprès de son panel d’entrepreneures, révélant ainsi que 22 % d’entre elles avaient connu un arrêt total de leur activité. Le contexte sanitaire a donc été, pour certaines, une entrave au développement de leur entreprise. Cela explique la perte astronomique de chiffre d’affaires (70 %) des sociétés dirigées par des femmes pendant le premier confinement.

Pourquoi les femmes sont attirées par l’entrepreneuriat ?

Les motivations principales des femmes qui entreprennent ne sont pas différentes de celles de leurs homologues masculins : être son propre patron, réaliser un rêve ou améliorer ses revenus. Néanmoins, elles accordent davantage d’importance au sens de la démarche entrepreneuriale. Pour elles, entreprendre est souvent une quête de sens dans leur carrière professionnelle et une forme d’engagement pour faire évoluer la société. Il n’est donc pas surprenant que la création de leur activité d’indépendante survienne, parfois, dans le cadre d’une reconversion professionnelle. Elles perçoivent l’entrepreneuriat comme un gain d’autonomie et souhaitent y trouver une meilleure articulation entre leur vie professionnelle et leur vie privée.

Entreprendre au féminin : des freins systémiques renforcés par la conjoncture

Le manque de confiance en soi

Dans un précédent article, nous avions abordé le sujet du syndrome de l’imposteur chez les freelances. On parle souvent de plafond de verre pour expliquer les freins au développement des carrières professionnelles des femmes. C’est une réalité que l’on ne peut nier, mais parfois, ce sont elles-mêmes qui s’autocensurent. D’après les chiffres de l’Observatoire BNP Paribas, 18 % des femmes entrepreneures déclarent manquer de confiance en soi. Un frein à la création trois fois plus important que chez les entrepreneurs. Une des explications plausibles serait que leur manque d’expérience à des fonctions de direction en tant que salariée leur ferait plus facilement douter de leurs compétences de leader. Pour faire sauter les verrous en amont, l’information et la sensibilisation à l’entrepreneuriat des jeunes étudiant.e.s peut-être une solution. D’autant plus que la crise sanitaire peut faire redouter un plus grand risque d’échec.

La difficulté d’accès aux financements

L’accès au capital demeure un frein conséquent pour les femmes qui souhaitent entreprendre. Dans le cadre d’une campagne de financement, elles sont généralement moins bien financées que les hommes. Lorsqu’il s’agit de levées de fonds entre 15 et 50 millions d’euros, les start-ups créées par des femmes ne représentent que 2% des projets financés.
Et, même lorsqu’elles parviennent à se faire financer, les entrepreneures perçoivent 2,5 fois moins que les entrepreneurs. Or, ce n’est pas la motivation de ces femmes ni la viabilité des projets qui sont en cause.
En revanche, la situation s’améliore en ce qui concerne les possibilités d’emprunt bancaire des entrepreneures. Elles sont moins exposées à des discriminations de genre.

Le manque de temps et l’impact sur la vie privée

Au démarrage de l’activité d’indépendante et dans les phases de développement de l’entreprise, la vie professionnelle prend souvent le pas sur la vie personnelle.
Si malgré tout, une entrepreneure sur deux assure avoir gagné un meilleur équilibre de vie, la situation peut être plus complexe pour les jeunes mères. Difficile de jongler entre leurs responsabilités familiales et leur envie de développer leur activité. Cela explique probablement pourquoi la moyenne d’âge des femmes dirigeantes dépasse les 50 ans (même si l’on assiste à une augmentation du nombre de créatrices d’entreprise trentenaires).

Nous n’aurions pas pu terminer cet état des lieux sur une note négative ! En dépit des freins que nous avons pu mentionner, l’entrepreneuriat féminin résiste à la crise. L’envie est toujours présente même si la crainte des difficultés financières impose aux entrepreneures de prendre davantage de précautions. Elles puisent leurs forces et leurs soutiens dans les réseaux professionnels ou les solutions d’accompagnement institutionnelles ou associatives : coaching, mentoring, aides pour trouver des financements, etc. Et pour celles qui souhaitent gagner en autonomie et en liberté, mais avec un filet de sécurité, le portage salarial est une solution optimale.


Les sources :

Baromètre Sista – BCG, 2021

Étude Femmes et entrepreneuriat – LE CESE, 2020

Dossier de l’Observatoire de la création d’entreprises consacré à l’entrepreneuriat féminin, BPI France

Observatoire BNP-Paribas de l’entrepreneuriat au féminin

Les femmes et l’entrepreneuriat – Étude Neuflize OBC – Asteres, 2021

Article rédigé par :

Maeva ELANA, Content Manager